La bioéthique quand le vocabulaire est détourné
Tel est le titre du texte rédigé en septembre 2018 par le Collectif Ciel-Bioéthique qui se propose d’analyser les positions du CCNE et du Conseil d’État émises dans leurs rapports préparant la loi dite de bioéthique (qui prévoit, entre autre, la PMA avec double filiation maternelle).
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Dans une première partie du texte, il est montré que pour le CCNE les règles éthiques doivent être modifiées afin de laisser les individus bénéficier sans entrave de toutes les possibilités offertes par la technique. Bien que présenté comme faisant état « de ce que le CCNE a lu et entendu [lors des Etats Généraux qui ont précédé]», le CCNE prend clairement position sur chaque thématique et met en avant des éléments qui ne sont aucunement consensuels.
Les positions majoritairement exprimées lors des États Généraux sont bafouées et les conclusions du rapport sont controuvées : c’est derrière le concept fumeux de démocratie sanitaire qu’il aborde les questions de l’extension de la PMA ou de l’euthanasie. L’utilisation du terme de démocratie est un prétexte pour rendre provisoire et contingente toute règle morale appliquée à la bioéthique. De plus, le qualificatif sanitaire est une escroquerie, la PMA et l’euthanasie ne relevant pas du domaine médical.
La deuxième partie du texte présente quelques réflexions sur ce que serait la future loi (en particulier le subventionnement de la PMA pour toutes) et sur les décisions ministérielles qui conduiront inéluctablement à une autorisation de la GPA, si la loi est adoptée.
Obéissant aux injonctions des médias, la haute administration contribue à la mise en avant des désirs individuels, laquelle va impliquer la création des droits à satisfaire un besoin idéalisé, voire sacralisé : le droit à l’enfant, à choisir sa mort, à l’enfant parfait en bonne santé, etc. Cette inflation des droits-créances est caractéristique de la dérive actuelle qui transforme les droits de l’homme en une idéologie où la famille et les institutions sont sommées de se transformer. Comme le remarque Pierre Manent, nous sommes arrivés au point où « l’institution ne saurait légitimement opposer sa règle à l’individu qui invoque son désir ou son droit, les deux tendant à se confondre désormais… Ce droit pour être effectivement reconnu et garanti doit être déterminé par la loi puisque seule la loi organise effectivement la vie collective ». La loi se voit désormais assigner un nouvel objectif : elle va « chercher chacun dans sa souffrance ou sa jouissance et … commande à tous de reconnaître cette souffrance ou cette jouissance ».
On trouvera ICI une annexe Sur l’anonymat des donneurs de spermes (au format pdf, 2 pages).
Le comité de rédaction de CIEL-BIOETHIQUE comprend : Chantal Delsol, de l’Institut ; Aude Mirkovic, juriste ; Elisabeth Montfort, juriste, ancien député européen ; Béatrix Paillot, praticien hospitalier, gériatre ; Jacques Poirier, vétérinaire, microbiologiste ; Rémi Sentis, directeur de recherche émérite en mathématiques.